vendredi 28 août 2009

En sol protégé

Ce fut comme marcher sur un guêpier : ils se sont réveillés d’un coup, surgissant de partout, emplissant la forêt de leur clameur faite de râles et de sanglots. En quelques jours, notre escadron était dispersé dans les bois, de la merde plein les culottes.
On s’est mis à étudier les craquements que faisaient leurs pas sur le lit de feuilles mortes. Bien exercé, on pouvait savoir à l’oreille combien ils étaient alentours. Mais c’était presque inutile: on n’avait jamais assez de balles dans un chargeur pour tous les abattre. Il fallait être rapide, sournois et savoir se cammoufler. Ils étaient si nombreux qu’on se demandait comment on avait pu ignorer leur présence aussi longtemps. La mission d’éclairage s’était ridiculement travestie en partie de chasse. Et on était les proies.

On les entend gratter contre les murs vermoulus de la vieille grange. Ça ne tiendra plus longtemps. On y repensera à deux fois avant de marcher sur des sols interdits. Interdits parce que sacrés; sacrés parce que protégés. Protégés par quelque chose qui protège vraiment. Qui protège de façon violente et résolue. Qui protège franchement mieux que les murs du monastère ou qu’un talisman sculpté dans le toc.
On les entend gratter contre les murs vermoulus de la vieille grange. Ça ne tiendra plus longtemps…

1 commentaire:

  1. Ah, je suis vedge, je n'avais même compris que le "ici" était un lien, je croyais qu'il désignait ton autre blogue.
    Ok, deux paragraphes plus tard, j'aime beaucoup - le projet en est où, maintenant?

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